Joséphine Lunal

Affiche de l'exposition
La Polycéphale
2022
Projet rhizomique qui se décline en expériences multiples et œuvres vivantes
Ce projet rhizomatique en collaboration avec des blobs comprend des œuvres aux médiums variés et se déploie dans deux expositions (au Centre Culturel Bellegarde en février 2022 et au Lycée Fermat en mai 2022)
Le blob (Physarum Polycéphallum) est un être unicellulaire mais visible à lœil nu. Doté de mémoire, il apprend et s’adapte à son environnement, remettant en question les définitions classiques de l’intelligence. Ni plante, ni animal, ni végétal, il est un être liminaire qui brouille les frontières et fait voler en éclat les classifications.
La Polycéphale : Exposition vivante au Centre Culturel Bellegarde (Toulouse) en Février 2022
Il s'agit d'une résidence à vue, d'une exposition en train de se faire, d'un assemblage entre résidence de création et exposition personnelle.
Un îlot central en forme de laboratoire à partir duquel toutes les œuvres émergent. Un fil conducteur : la collaboration avec des blobs (Physarum Polycéhalum) : êtres vivants unicellulaires géants puisque visibles à l’œil nu. Le blob mange, se déplace, double de volume chaque jour, est capable de fusionner avec un congénère ou de se cloner en se coupant en deux : le blob questionne la notion d'individu mais aussi notre organisation du monde puisqu'il n'entre dans aucune des catégories qui nous permettent de penser le vivant. Tout au long des deux semaines passées avec le blob, je me suis laissée transformer peu à peu par lui, tout comme l'exposition qui a évolué au rythme du blob. J'ai aussi appris à ses côtés afin de donner lieu à de véritables collaborations.




Salle 1 : Laboratoire
Dispositif à géométrie variable (praticables, socles et matériel de travail)
Espace d'expérimentations et de fabrication. Nous avons choisi de donner une place centrale à ce qui est normalement caché aux visiteureuses d'une exposition afin de mettre l'accent sur ce qui est en train de se faire. Créer avec le vivant implique de s'adapter et se réadapter sans cesse, d'accueillir l'imprévu, de faire place au hasard et d'accepter l'éphémérité. Ce dispositif replace la recherche plastique au centre, comme une fabrique à potentialités. Le microscope invite à changer de perspective en changeant d'échelle.





Salle 1 : Anatomie Comparée 2
Dessins vivants (géloses, sclérotes de blobs, calcium)
Une fois que les blobs ont parcouru les planches anatomiques (cf "Régénérescence cellulaire 1"), la gélose en séchant se détache et forme cette surface transparente qui laisse voir par transparence le calcium excrété par le blob durant son déplacement. Par endroit, on découvre le blob sous forme de sclérote (parties colorées) et à d'autres endroits, marquées de points noirs, ses sporanges (fructifications).

Salle 1 : Performance
Installation : blob sur rétroprojecteur et visite guidée performé avec lectures



Salle 1 : Narcisse
Structure de bois et plexiglas, gélose d’agar agar, graines germées et blob
Ce blob-là n'était pas destiné à recevoir un prénom, comme aucun de ses congénères. En effet, comment nommer un être qui n'est pas un individu (puisqu'au contraire il est divisible et capable de fusionner)? Mais celui-ci s'avère étrangement plus attiré par le miroir que par la nourriture disposée chaque jour en face. Un blob qui se regarde? Une.e regardeureuse qui regarde le blob, qui se regarde regarder le blob qui se regarde...

Salle 1 : Laboratoire
Divers essais en cours

Couloir : Bioplastiques (recherches)
Matériaux divers issus de produits naturels, biodégradables
Échantillons de créations de matériaux issus de l'élevage de blob (réemploi des géloses, avoine digérée et sclérotes).
Recherches plastiques en vue d'un prochain projet de volumes.





Salle 2 : Anatomie Comparée 1
Dessins vivants (cadres en bois, planches anatomiques, géloses, blobs, avoine)
Les cellules de la peau se régénèrent en 28 jours. La membrane cytoplasmique d'un blob se referme en moins de 3h. Inspirée par cette capacité inhumaine, je propose à des blobs de venir refermer ces plaies béantes de planches anatomiques dessinées d'après nature. La structure veineuse du blob répond visuellement aux représentations des systèmes veineux et nerveux. Plutôt que de définir le blob par la négation en énumérant tout ce qu'il n'est pas ou les catégories dans lesquelles on ne peut le classer, cette pièce attire notre attention sur nos points communs avec lui.

Salle 2 : Drapés
Sculptures en céramique (2021)
La peau et un organe poreux qui nous sert d'interface avec le monde. Ces morceaux de corps à la peau effractée peuvent évoquer la difficulté pour un.e artiste de continuer à produire et avancer en temps de crise, mais surtout ils laissent entrevoir une nouvelle peau régénérée, cicatrisée, une capacité de résilience.




Salle 2 : Le langage est une peau
Poster, texte paru dans la revue Multiprise en 2021
Ce texte évoque les points communs du langage et de la peau en tant qu'ils permettent tout deux le contact. Il est parcouru d'exposants de renvois qui invitent à tisser un nouvel ordre de lecture en tendant des fils verticaux entre les lignes horizontales de l'écriture. La référence à Andrew Ucles fait écho au pistage comme pratiqué par baptiste Morizot ou par les chercheureuses de blob dans la vidéo de l'installation "S'enforester" (salle 3).



Verrière : Traversée
Voilage, blanc d’œuf, blob
Traversée de lumière, traversée verticale du blob, chemin de traverse de l'exposition, ça m'a traversé l'esprit et j'ai été traversée par une émotion.



Salle 3 : S’enforester
Installation (vidéo, son, tente, plantes, projecteurs)
Baptiste Morizot se réapproprie le vieux français "s'enforester" pour désigner le fait de se rendre dans ce qu'on appelait jusqu'à Philippe Descola "la nature". Le suffixe "en" s'additionnant à sa forme pronominale, ce verbe indique un double mouvement : "on va en forêt autant qu'elle emménage en nous" écrit Morizot.

Se rencontrer, se reconnaître : Exposition au lycée Pierre de Fermat (Toulouse) de mai, à juillet 2022
L’exposition « Se rencontrer, se reconnaître » est composée d’œuvres issues de deux projets : « Relations Simiesques » est né au contact de singes, et « La Polycéphale » est un ensemble de pièces réalisées avec des blobs. Blobs et singes cohabitent ici, nous invitant à reconsidérer notre regard sur le sauvage et sur l’altérité.
Les deux projets invitent à ne plus définir les autres espèces par ce qui leur fait défaut et à s’inscrire parmi le reste du vivant. Il s’agit de faire un pas de côté par rapport à notre anthropocentrisme pour imaginer de nouvelles façons d’habiter le monde. Le choix des deux types d’altérité, du très éloigné blob au singe étrangement proche, fonctionne à la manière des contes ou mythes : faisant mine de regarder ailleurs, ces pièces parlent de nous. On espère qu’apprendre à soigner notre relation au vivant nous amènera à soigner nos relations avec d’autres humains ainsi que notre relation à nous-même. Voici donc une invitation à rencontrer l’autre pour mieux se connaître soi... et inversement!

jour 1

jour 7

Les blobs amoureux
Installation évolutive (structure en céramique, géloses, blobs, cloche en verre), 2022
Lorsque deux blobs sont mis en présence l’un de l’autre, ils ont tendance à fusionner ensemble avant même de chercher à se nourrir. En imaginant la fusion comme une pulsion de deux amoureux·ses, cette pièce place deux blobs dans une situation expérimentale presque chevaleresque : jusqu’où seront-ils prêts à aller pour se rejoindre ? Iront-ils jusqu’à traverser le vide qui les sépare ?
Cette expérience est menée avec le concours des lycéen·ne·s de Fermat qui veillent à apporter des conditions de vies confortables aux blobs.

Vue d'exposition

Anatomie comparée
Dessins vivants (planches anatomiques, géloses, sclérotes de blobs, calcium, épingles), 2022
Les cellules de la peau humaine se régénèrent en 28 jours alors que la membrane cytoplasmique d'un blob se referme en moins de 3h. Inspirée par cette capacité inhumaine, je propose à des blobs de venir refermer ces plaies béantes de planches anatomiques dessinées d'après nature. Par endroit, on découvre le blob sous forme de sclérote (parties colorées) ; ailleurs, ses sporanges ponctuent la surface de points noirs, et enfin, le calcium excrété par le blob durant son déplacement marque de blanc son passage.
La structure veineuse du blob répond visuellement aux représentations des systèmes veineux et nerveux humains. Plutôt que de définir le blob par la négation, cette pièce attire notre attention sur nos points communs avec lui.




Anatomie Comparée : Détails

Vue d'exposition
Écran 1 : Relations Simiesques
(Vidéo "La receta del ceviche")
Écran 2 : La Polycéphale
(Vidéo "22/02/2022")
22/02/2022
Boucle vidéo en stop motion de 14 minutes, 2022
Prise de vue de Joséphine Lunal et Marcos Riesco ; musique d’Amélia Tabeï librement modifiée par Joséphine Lunal
çUn blob se déplace au maximum à 4 cm / heure. Cette vidéo met en parallèle une semaine dans la vie d’un blob (une photo par minute) et une journée vécue par des humains (une photo par seconde) dans un même endroit. Une invitation à considérer le temps du point du vue du blob, doublée par un décentrement du rapport à l’espace amené par les différentes échelles (images prises au microscope). Enfin, le montage s’inspire du fonctionnement du blob qui se déplace en alternant marche avant et marche arrière.

Captures d'écran de "22/02/2022" :






